Dans cette deuxième et dernière partie de l’entretien accordé à Airactu.info le Directeur Général d’Air Sénégal, Ibrahima Kane, parle du renouvellement de la flotte de la compagnie, des besoins en termes de pilotes, du projet de centre de maintenance, mais revient aussi sur l’appui du gouvernement du Sénégal pour faire face à la crise.
Appui de l’Etat…
« L’Etat du Sénégal qui est l’actionnaire unique à travers la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC) a réagi très vite et très fort. Lorsque nous avons connu le début de la crise en mars 2020, tous les trafics se sont arrêtés du jour au lendemain sans horizon de reprise. Toutes les compagnies, tout d’un coup ont été par terre. La question qui se posait, était quelle compagnie allait survivre ? Et on les a bien identifiées, ce sont les compagnies qui ont le soutien fort de leur Etat. L’Etat du Sénégal a tout de suite annoncé un soutien de 45 milliards FCFA pour la compagnie Air Sénégal en fonds propres. C’est important de le dire, pas en dette mais en fonds propres. Ce soutien nous a permis de retourner vers nos partenaires, les banques, les loueurs d’avions, les fournisseurs d’assurance, de maintenance… en leur disant voilà ce qu’Air Sénégal devra être après la crise. C’est-à-dire une compagnie qui sera toujours là, qui va opérer. Travailler ensemble à mettre en place des plans de réduction de charge, de réduction de coûts, pour qu’on puisse se donner rendez-vous après la crise pour un développement commun, harmonieux. Ils nous ont entendu et nous avons pu mettre en place un plan d’économie qui se chiffre à plusieurs dizaines de milliards pour la compagnie. Ce qui nous a permis de déployer notre plan de résilience et d’avoir même sur l’année 2020, un résultat net moins dégradé que sur l’année 2019. Ce qui était assez exceptionnel. Il faut aussi signaler que malgré la baisse de transport, Air Sénégal a connu 25% de trafic passagers en moins sur l’année 2020 par rapport à l’année 2019. Malgré cela, Air Sénégal a eu quand même une croissance de son chiffre d’affaires sur 2020 par rapport à 2019. Nous avons pu mettre cette résilience grâce au travail acharné de toutes les équipes d’Air Sénégal, grâce à l’appui inconditionnel de l’Etat du Sénégal et grâce également au soutien de nos passagers qui ont continué à nous solliciter, à nous soutenir. Au final, Air Sénégal est aujourd’hui dans une position favorable surtout comparé au reste de l’industrie pour la relance. Le but c’est de bien préparer cette relance, de marquer le coup avec une bonne ouverture de la ligne New-York, Washington, continuer notre stratégie qui est de baisser nos coûts opérationnels. C’est dans ce cadre que nous poursuivons le plan de renouvellement de notre flotte. Ce renouvellement de flotte concerne nos avions monocouloirs (les A319 et les A321). »
Renouvellement de la flotte…
« L’arrivée des A220 qui seront sous deux modèles, il y a un modèle Long Range qui permet d’aller jusqu’à Londres avec un niveau de confort extrêmement élevé, tous les niveaux de confort que nous avons aujourd’hui sur les A330neo, nous allons les avoir sur les A220. Ce qui nous permettra d’offrir un niveau de qualité aux passagers sur des vols que nous appelons des lignes longues et fines comme : Londres, Milan, Genève, Marseille, Lyon… Mais ce qu’il faut vraiment garder à l’esprit ce sont des avions qui vont nous permettre d’avoir un coût opérationnel beaucoup plus faible. C’est un avion qui va nous permettre de baisser le coût de consommation du carburant à 25%, le coût de la maintenance à 17% comparé au type des A319 que nous avons aujourd’hui. C’est vraiment un plan d’optimisation et de réduction de nos coûts opérationnels avec un produit qui est le meilleur. En 2022, le focus c’est d’améliorer de manière continue le niveau de service offert à nos passagers. »
Air Sénégal, une des composantes du hub aérien…
« Le background d’Air Sénégal, c’est le Plan Sénégal Emergent avec les trois composantes, l’aéroport Blaise Diagne, une des meilleures infrastructures de l’Afrique de l’ouest. L’animateur de la plateforme qui est Air Sénégal qui est une des composantes du projet hub aérien. Ce qui le différencie de ses prédécesseurs. Et à côté des éléments de valeurs ajoutées tirées par l’aérien dans notre pays, c’est la démocratisation du transport aérien avec le projet de rénovation des aéroports régionaux. L’autre élément de valeur ajoutée c’est le centre de formation et aussi le centre de maintenance. Pour ce qui est de la démocratisation nous avons déjà commencé avec Ziguinchor avec un billet qui est le même sur un trajet Dakar-Ziguinchor par la route. Aujourd’hui, un Dakar-Ziguinchor sur les tarifs les plus abordables est sur les 31 000 FCFA en aller simple. Vous prenez votre voiture, vous allez à Ziguinchor cela va vous coûter beaucoup plus cher. Notre souhait c’est de l’étendre vers les autres destinations dès la fin du Programme de Réhabilitation des Aéroports du Sénégal (PRAS). A terme qu’on puisse prendre l’avion à un prix abordable n’importe où au Sénégal. »
Un besoin de 120 pilotes dans 5 ou 6 ans…
« Nous sommes en train de structurer le centre de formation parce que c’est la base. Cela précède même le centre de maintenance. Les techniciens nous devons les former par dizaine. Air Sénégal dans 5 ou 6 ans, c’est un peu plus d’une centaine de pilotes que nous devons avoir pour nos avions. C’est à peu près 120 pilotes, aujourd’hui nous ne les avons pas, il faut les former. Pour former un commandant de bord, c’est quasiment 10 ans, quelques années pour un co-pilote. Nous sommes presque en retard d’où notre projet avec l’armée de l’Air, avec AIBD SA, avec le soutien du ministère du Tourisme et des Transports Aériens de mettre en place un programme de cadets avec l’armée de l’Air au niveau de la ville de Thiès pour permettre d’avoir chaque année une dizaine de pilotes pour alimenter nos besoins. De la même manière, chaque année, on formera quelques dizaines de techniciens d’avion qui pourront venir alimenter le centre de maintenance sur lequel nous sommes en train de travailler avec AIBD SA et qui sera sur le site de l’aéroport Blaise Diagne. Ces projets vont démarrer dans les mois à venir. Pour le centre de formation, nous allons bientôt publier les avis de concours pour les recrutements à faire. »